Tout savoir sur les vins du Jura

Tout savoir sur les vins du Jura - Appellations, cépages, richesse gastronomique

Partez à la découverte de la richesse viticole des Vins du Jura en attendant de pouvoir mettre vos pieds dans les vignes !

Fin 2019, j’ai eu l’occasion de découvrir le vignoble Jurassien lors d’un voyage presse, quelques mois après une immersion franche et totale dans le Vin Jaune grâce à la mythique Percée du Vin Jaune organisée à Poligny.

Petit tour de la région avant de parler des vins du Jura.

Richesse viticole du Jura

C’est alors que j’eu l’occasion de découvrir qu’il s’agissait de l’un des plus petits vignobles de France qui s’étend sur à peine sur 80 km. Petit par sa taille mais grand par sa diversité, le vignoble du Jura possède pas moins de 5 cépages, 7 Appellations d’Origine Contrôlée et totalise seulement 2 000 hectares de vignes (à titre de comparaison, le vignoble du Beaujolais totalise 19 000 hectares de vignes).

Le terroir : entre verdure et montagne

Cette richesse et cette diversité de terroir Jurassien s’étend de l’Ouest de la Bourgogne jusque ses frontières avec la Suisse à l’Est et à la limite de la région viticole du Beaujolais avec la ville de Saint-Amour.

Ce qui m’a frappé en arrivant dans la région, ce sont les grandes étendues de forêts, de montages et de verdure (notamment des vignes absolument partout), arborant les jolies couleurs et brumes de Novembre.

Vignoble du Domaine Thill à Trénal
Paysage jurassien à Arbois.
Paysage bucolique à Arbois

Au niveau des sols, je n’entrerais pas dans la technicité géologique mais sachez que les terres jurassienne doivent leur complexité et diversité… à la mer ! A l’époque Jurassique, le sol a pu se former en plusieurs couches grâce aux minéraux et sédiments de la mer, ce qui a fait un mille-feuille de sol marneux (argile et calcaire) et graveleux, qui plait tant aux cépages de la région mais qui rend aussi le travail dans les vignes plus complexe.

Les vignobles sont en grande majorité situés sur des coteaux exposés Ouest entre 250 et 400 mètres d’altitude. Ceci a pour effet d’optimiser le flux d’air et de chaleur, qui garantit la bonne santé de la vigne et la quasi totale absence d’intrants. En effet, la région viticole du Jura (tout comme celle des Baux-de-Provence) met un point d’honneur à travailler ses vignes de manière traditionnelle afin de réaliser des vins « nature » ou en « bio ». Bien pour notre palais, la santé des vignerons et de la planète !

Les 5 cépages caractéristiques de la région

Le Jura étant limitrophe avec la Bourgogne, la région a su hériter de 2 de ses cépages emblématiques : le Pinot Noir et le Chardonnay. A cela s’ajoute les propres cépages autochtones régionaux que sont le Savagnin, le Trousseau et le Poulsard ou Ploussard.

Ces cépages sont très étonnants et s’expriment de façon très nuancés, en fonction du terroir, du vignoble et du vigneron qui appose son propre style au raisin.

Dégustation de Poulsard avant embouteillage, vin jeune et croquant de la région du Jura
Dégustation de Poulsard avant embouteillage, Domaine Eric Thill
  • Le Pinot Noir : cépage rouge emblématique de la région bourguignonne, il apporte souplesse, noblesse et une très jolie couleur sombre aux vins. Utilisé majoritairement en assemblage, le Pinot Noir du Jura a son propre style et saura ravir les amoureux de ce cépage comme moi (pour moins cher qu’en Bourgogne). En bouche, il apporte des notes de cerises et de fruits noirs.
  • Le Chardonnay : Cultivé depuis le Xème siècle dans le vignoble jurassien, le Chardonnay s’accommode bien sur les parcelles calcaire de la région. Il s’agit du cépage le plus planté de la région de par sa facilité de culture. Il apporte les arômes de fleurs blanches, d’agrumes et d’amande grillée aux vins. Le Chardonnay est ici utilisé en mono-cépage ou assemblage avec du Savagnin.
  • Le Savagnin : Cépage blanc autochtone et roi suprême des vins oxydatifs, le Savagnin entre dans la composition du célèbre Vin Jaune et lui confère sa puissance et sa richesse aromatique. On le reconnait notamment grâce à ses arômes de noix, d’épices et de beurre frais.
    Anecdote : il s’agit d’un cousin du Gewurztraminer du vignoble Alsacien !
  • Le Poulsard (ou Ploussard) : Second cépage le plus répandu dans la région après le Chardonnay, le raisin aime les sols argileux et les terres fortes. Ce cépage à jus blanc et à peau noire, donne des vins rouges légers et croquant aux arômes de fruits rouges jeunes et surprend par sa robe rubis clair très lumineuse pouvant le faire passer visuellement pour un rosé très foncé (comme le Tavel).
  • Le Trousseau : Le Trousseau lui, préfère les sols chauds et graveleux. Sa robe soutenue dévoile les notes épicées et poivrées du vin, avec une belle finale sur les fruits rouges et noirs. Parfait pour les amateurs de vins de caractère qui restent facile à boire.

Les appellations du Jura

Le vignoble jurassien regroupe 7 AOC dont 3 dites « produits » qui regroupent le Macvin du Jura, le Crémant du Jura et le Marc du Jura. Les 4 autres sont dites « géographiques ».

Dégustation des vins du Domaine Fumey-Chatelain au restaurant le Bistronome, à Arbois.
  • AOC Arbois : 1 ère AOC historique de France, l’AOC Arbois est la plus étendue des 4 appellations. Située au Nord de la région jurassienne et autour du village éponyme, elle se décline en rouge, en rosé, en blanc et en jaune.
  • AOC Côtes du Jura : 2ème AOC de la région (1937), elle s’étend tout au long du vignoble sur des terroirs multiples et au travers de la totalité des gammes de vins de la région, avec une prédominance de vins blancs, ronds, fruités et généreux.
  • AOC L’Etoile : Digne représentante des vins blancs d’exception (comme le Vin Jaune et le Vin de Paille), le Chardonnay y est roi, seul ou en compagnie du Savagnin. Terroir magique ou superstition, on trouverait dans son sol, de minuscules étoiles fossiles appelées pentacrines… Poétique non ?
  • AOC Château-Chalon : sans doute l’AOC la plus prestigieuse du vignoble, la réputation du Vin Jaune de Château-Chalon n’est plus à faire. Issu uniquement du Savagnin, le Vin Jaune est ici exclusif, sélectif et réservé aux grands amateurs de ce nectar d’or, qui ne voit le jour que tous les 6 ans et 3 mois. J’ai eu l’occasion d’en déguster quelques-uns et je dois vous dire que c’est quand même quelque chose de très particulier (dans le bon sens du terme) à faire au moins une fois dans sa vie.

Vin de paille, Macvin ou Marc du Jura ?
Apprenez-en plus sur ces AOC produits

Diversité des vins du Jura & accords

Après cette longue introduction sur le terroir jurassien, ses cépages et ses appellations, il est de temps d’entrer dans le vif sujet : parlons peu mais parlons VIN !

Poulsard, Pinot Noir et Trousseau, que manger avec ces vins rouges ?

Vin d’assemblages, les vins rouges du Jura ne manquent pas de caractère.

Que l’on soit friand de vin léger, porté sur le fruit et gouleyant (team Poulsard) ou plutôt fan des vins plus tanniques (team Trousseau), on trouvera forcément son bonheur !

Pour un repas « détente » avec de la charcuterie, des plats simples et conviviaux (comme des tarte chèvre et épinards) mais aussi pour accompagner un plat exotique, vous pourrez opter pour le Poulsard. Avec ses arômes de fruits croquants (cerises, cassis, mûres) et de poivre frais tout en légèreté, il sera présent en bouche sans trop en faire.

A servir entre 11 et 13°C.

Le Trousseau accompagnera à merveille vos viandes grillées, les fromages affinés (comme le Mont d’or), ainsi que les spécialités régionales à base de gibiers ou les charcuteries assez fortes en bouche comme le chorizo. Ses arômes de fruits noirs et d’épices chaudes soutiendront délicatement les saveurs piquantes et animales de vos mets. Tentez un accord avec le Nasi Goreng de Bali ou le canard tandoori et laissez-vous surprendre.

A servir entre 13 et 16°C.

Sans surprise le Pinot Noir présent dans les assemblages de Trousseau et de Poulsard, apporte une finesse riche et fruitée aux différents vins et accords. Parfait sur des fromages frais ou en accompagnement de plats en sauce savoureux comme le margha boulette de mon enfance.

A servir entre 13 et 15°C.

Vins blancs floraux ou oxydatifs, pour les gastronomes curieux

Issu du Savagnin et du Chardonnay, en assemblages ou non, les vins blancs du Jura sont surprenants et éclatants. La finesse des vins blancs floraux ou le caractère des vins oxydatifs dits « traditions » ne peuvent décidément pas nous laisser indifférent.

Les vins blancs floraux sont majoritairement issus du Chardonnay avec un élevage classique et avec « ouillage », ce qui permet au vin de garder sa fraîcheur et développer ses arômes d’aubépine, d’acacia, d’ananas et de litchis.

Vin blanc floral du Jura

A servir entre 10 et 12°C.

Mais qu’est-ce que l’ouillage ?
Il s’agit tout simplement d’une méthode pour limiter le contact du vin avec l’air. Pour compenser l’évaporation naturelle du vin – aussi appelée la part des anges – les vignerons ajoutent du vin, grâce à un outil qui s’appelle l’ouillette.

Lorsque le vin (Savagnin ou Chardonnay) est au contact avec de l’air dans le tonneau, cela lui permet de s’oxyder et de développer ses arômes caractéristiques des vins oxydatifs à base de telles que la noix, de gingembre, de curry et de champignons … Il s’agit d’un style de vin à part entière très réputée dans le monde et qui semble diviser les amateurs de vin par son originalité. J’ai moi-même eu du mal avec ce style de vin au départ mais une fois dégusté avec une fontaine de Mont d’Or, j’ai su l’apprivoiser et mes papilles ne sont que plus heureuses !

C’est le même procédé qui est utilisé pour la réalisation du Vin Jaune, l’or jaune du Jura.

En accord, les vins oxydatifs se révèlent à mes yeux avec les plats à base de fromages coulants et chauds comme le Mont d’or (une pépite), les keftas de Reblochon, les bricks de noix et fromage… Il est également conseillé en accord avec des crustacés & des escargots. A se damner !

A servir entre 12 et 15°C.

Le Vin Jaune, digne représentant de la gastronomie jurassienne

Produit à Château-Chalon à son origine mais présent dans plusieurs AOC de nos jours, le Vin Jaune éblouit par sa robe « or » mais aussi par ses arômes oxydatifs puissants de noix, d’amandes, épices et de sous-bois.

100% Savagnin élevé en oxydatif, le Vin Jaune accompagne à merveille les volailles et les plats à base de crème (le fameux poulet au Vin Jaune), les plats à base de fromage (comme la fondue aux morilles) mais aussi les plats exotiques et épicés, tout comme les desserts à base de noix.

A servir entre 14 et 16°C après quelques heures d’aération.

Vin de paille, Macvin et Marc du Jura pour les fins de repas de caractère

Vin de paille du Château Béthanie, Fruitière Vinicole de l'Arbois

De la sélection fine des grains au procédé de fabrication lent, minutieux et rigoureux, le Vin de Paille se forme pour devenir un vin d’exception, très aromatique et très sucré. Il appartient à la catégorie des vins moelleux, ce qui en fait un vin parfait pour le foie gras et les desserts chocolatés, caramélisés ou tout simplement un carré de chocolat noir.

Le Macvin et ses arômes de pruneaux cuits, de fruits confits et de raisins secs s’associent à merveille (et sans surprise) avec le chocolat et les fromages à pâte cuite. Il est également parfaits à déguster dès l’apéritif en cocktail !

Enfin, s’il vous reste de la place après tout cela, je vous invite à siroter un verre de Marc du Jura en guise de digestif !

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération


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2 commentaires
  • J’ai déménagé en Franche Comté il y a quelques mois et j’ai appris des tas de choses grâce à cet article! On tend à décourager les gens de boire des vins du Jura rouges, mais je les trouve super bons aussi.

    • Merci beaucoup pour votre commentaire, c’est tout à fait le but de cet article : faire découvrir les trésors du Jura et donner envie de découvrir les vins ! C’est vrai qu’il faut passer au-delà des préjugés pour découvrir les pépites viticoles du coin, surtout pour les vins rouges qui ont un excellent rapport qualité-prix ! Je vous souhaite une excellente dégustation 🙂